Nouvelles de Lascaux: un conseil
    translucide ou transparent ?



  bovins

 
Dans une note précédente datée du 17 octobre 2011 (voir "Les microbes secrets de Lascaux") nous faisions part de la parution sur un site internet accessible seulement aux membres du Conseil Scientifique de Lascaux des rapports finaux de deux études portant l'une sur les relations entre microclimat et microbiologie, l'autre sur l'écologie microbienne, de la grotte de Lascaux. Nous indiquions également avoir fait part au Ministère d'une part (en la personne de M. Noël Coye) et au Président du Conseil Scientifique d'autre part, de notre regret de ne pas avoir accès à ces rapports que nous pensions devoir être du domaine publique compte tenu de leur importance pour une réflexion scientifique sur la microbiologie de Lascaux. A la date de mise en ligne sur le web de notre note, aucune réponse n'avait été apportée à notre demande.

Depuis, la situation a un tout petit peu évolué. Le 4 novembre dernier, le porte-parole du LIST, Michel Goldberg, a reçu de la part d'Yves Coppens, Président du Conseil Scientifique de Lascaux, une invitation à assister à la session de ce conseil au cours de laquelle seraient présentés les "comptes rendus des groupes de travail du Conseil Scientifique". M. Goldberg, en accord avec les membres du LIST, a accepté cette invitation à la condition qu'il soit autorisé à rendre publique le contenu scientifique de ces comptes rendus et des discussions qui suivraient. Ayant obtenu l'accord du Professeur Coppens sur ce point, M. Goldberg a donc assisté à la séance du Conseil Scientifique qui s'est déroulée le 14 Décembre 2011, de 10h30 à 13h.

M. Goldberg a en premier lieu constaté l'absence de plusieurs membres du Conseil, et tout particulièrement de la plupart des membres étrangers (probablement du fait de la réduction du remboursement de leurs frais de séjour à Paris indiquée dans une note précédente).

Yves Coppens a demandé à M. René Bally, l'un des microbiologistes du Conseil Scientifique, de rapporter les conclusions des études menées dans le cadre des programmes "Microclimat-Microbiologie" et "Ecologie Microbienne". Le contenu du rapport de M. Bailly sera présenté et commenté dans une note séparée ("Du nouveau au sujet des microbes ?"). Nous dirons seulement ici que l'ensemble de la présentation de M. Bailly sur les deux rapports finaux a duré moins de cinq minutes. Pas la moindre donnée expérimentale n'a été présentée ou discutée, pas plus que ne l'ont été les méthodes utilisées dans ces études. Au cours de la présentation, il est apparu que les rapports finaux de ces études avaient été présentés et discutés, sans doute de manière plus détaillée et approfondie, au cours de la session précédente, donc en l'absence de M. Goldberg. La présentation de M. Bailly n'était donc qu'un bref résumé superficiel et sans contenu scientifique préparé à l'intention de M. Goldberg.

Le secret sur les travaux microbiologiques faits sous couvert du Conseil Scientifique reste donc pratiquement entier, même si M. Goldberg a pu entendre, sans pouvoir en évaluer la validité, quelques conclusions générales sur ces études ( voir
"Du nouveau au sujet des microbes ?").

Ainsi, malgré la volonté affirmée du Président du Conseil Scientifique d'ouvrir plus largement l'information et de collaborer avec le LIST, des forces internes à l'Administration, au Conseil Scientifique ou aux équipes qui ont réalisé les études, s'opposent à cette ouverture et continuent de bloquer l'information.

Après la présentation de M. Bailly et la brève discussion qui l'a suivie, M. Goldberg a pu assister à un exposé beaucoup plus ouvert, détaillé et approfondi des conclusions du Groupe d'Etude "Microclimat souterrain - Modélisation" dont il sera fait état dans la note intitulée
Faut-il améliorer le "Simulateur Lascaux"?. Le contenu de l'exposé fait par Mme Valérie Plagne et les discussions qu'il a suscité ont permis à M. Goldberg de se faire une idée assez précise de l'évolution des esprits et des progrès réalisés dans la réflexion sur la connaissance et la maîtrise du climat (au sens le plus large du terme) de la grotte. Cette transparence contraste fortement avec l 'opacité qui entoure les travaux microbiologiques. ll semblerait donc que le blocage sur la microbiologie vienne principalement de microbiologistes et non pas d'une prise de position de l'administration ou de l'ensemble du Conseil.

En conclusion, si le LIST se plaît à reconnaître les efforts déployés par Yves Coppens dans le sens d'une ouverture dans ses relations avec le Conseil Scientifique, il regrette vivement que des données aussi importantes que les résultats des études microbiologiques menées au cours des dernières années, de même que les paramètres climatiques de la grotte enregistrés pendant la crise des années 2000-2007, soient maintenus secrets et que ni le LIST, ni la communauté scientifique internationale ne puisse y avoir accès.

Malgré les promesses faites il y a trois ans par la Ministre de la Culture et de la Communication Madame Albanel, puis par son successeur M. Mitterand dès sa prise de fonction, puis par le Président du Conseil Scientifique à plusieurs reprises, les travaux du Conseil et la gestion de la grotte, loin d'être devenus "transparents", sont tout juste parvenus à être "translucides".

Espérons que le souci de sauvegarder les trésors de Lascaux l'emportera au final sur les intérêts personnels de certains et aboutira à une coopération ouverte et efficace entre toutes les parties intéressées par la conservation de la grotte.







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