QUESTIONS EN SUSPENS
 




Des conclusions du "Rapport Scientifique Post Symposium" établi par le LIST et consultable sur ce site, ainsi que des quelques publications scientifiques parues depuis relatives aux recherches menées par les équipes de microbiologistes et climatologues qui étudient la grotte de Lascaux, un certain nombre de questions importantes aux yeux des membres du LIST semblent pour l'instant restées sans réponse.

Il n'est pas impossible que les spécialistes qui travaillent pour Lascaux disposent de ces informations, mais si tel est le cas elles ne sont pas facilement accessibles au public, et plus particulièrement aux membres du LIST.

Les plus critiques de ces questions sont les suivantes:


     1- Microbiologie:

- Quel est le microorganisme responsable des dépôts de mélanine qui forment les "taches noires" ?
Lors du symposium, le laboratoire du LRMH (Mme Orial) affirmait l'avoir identifié comme étant un champignon Ulocladium, alors que le laboratoire de l'INRA (M. Alabouvette) affirmait qu'il s'agissait du Scolecobasidium sp. Au cours de contacts personnels établis après le symposium, chacun campait sur ses positions. Ni les minutes du symposium publiées depuis, ni les publications du laboratoire de l'INRA auxquelles nous avons eu accès, n'apportent une réponse définitive. L'étude microbiologique à long terme proposée par les équipes d'Alabouvette et Saiz-Jimenez étant entièrement focalisée sur Scolecobasidium, il nous semble indispensable de vérifier l'hypothèse selon laquelle ce champignon est effectivement impliqué dans la prolifération fongique.

- Le Scolecobasidium isolé par l'équipe de l'INRA est-il capable de croître, seul ou en symbiose, avec pour source de carbone et/ou d'azote le chlorure de benzalkonium ?
L'argumentaire selon lequel l'utilisation répétée de biocides contenant cette molécule serait à l'origine de l'invasion fongique repose sur deux faits: l'identification par l'INRA (à vérifier - cf ci-dessus) de Scolecobasidium comme agent mélanisant et l'observation rapportée dans une publication japonaise de la croissance de ce champignon sur des lessives contenant des surfactants non-ioniques, alors que le chlorure de benzalkonium est un surfactant ionique. L'extrapolation aux molécules ioniques d'une observation faite avec des molécules non-ioniques mériterait d'être validée avant de lancer une étude microbiologique centrée sur Scolecobasidium.
Il convient aussi d'étudier l'hypothèse selon laquelle une (ou des) bactérie(s
pourrai(en)t dégrader le chlorure de benzalkonium et fournir ainsi aux champignons une source de carbone ou d'azote.
Les résultats contradictoires obtenus à ce sujet par des équipes travaillant sur des prélèvements faits à Lascaux doivent être analysés de très près. Leur interprétation devra être faite dans le cadre de la flore microbienne présente dans différentes zônes de la grotte afin de cerner l'origine de possibles clones résistants à cet antibiotique et leur impact sur les conditions de croissance des champignons.

- Pourquoi le suivi microbiologique des zônes sur lesquelles ont été entrepris des tests de traitements biocides ont-ils été interrompus ?
Ces tests, menés conjointement par le laboratoire du LRMH (Mme Orial) et la société allemande LBW-Bioconsult (Thomas Warscheid) concernent un petit nombre de petites surfaces sur lesquelles ont été testés différents biocides et différents moyens d'application de ces biocides. Quelles que soient les critiques qui puissent être faites sur l'opportunité d'avoir décidé de réaliser ces traitements expérimentaux, maintenant qu'ils ont été réalisés, pourquoi en avoir interrompu le suivi et par là même perdre le bénéfice des informations qui pouvaient en être tirées aussi bien en ce qui concerne le mode d'application que la nature de biocides potentiellement utilisables en cas de reprise de l'invasion fongique ?

         2- Climatologie:

- Est-il exact que, dans le courant de l'été 2009, la convection naturelle de l'air s'est rétablie dans la grotte ? Si oui, s'est-elle maintenue depuis et est-ce compatible avec les prédictions du simulateur Lascaux?
Il a été rapporté lors du symposium et dans une publication ultérieure (
Lacanette et al., 2009, Int. J. of Heat and Mass Transfer, 52, 2528-2542) que,
pour toute la période postérieure à l'"inversion climatique", le simulateur du climat de Lascaux indiquait une totale absence de convection et donc une stagnation de l'air à l'intérieur de la grotte. Peut-on expliquer le rétablissement (s'il est avéré) de la convection par un changement radical du climat extérieur, ou bien par une précision insuffisante des simulations ?

- Le simulateur a-t-il "prévu" l'inversion de température sol/voûte régulièrement observée dans la grotte selon les saisons hiver/été ?
Cette inversion a été notée pendant de nombreuses années lors des relevés de température régulièrement réalisés dans la grotte.

- Les experts du karst considèrent-ils comme plausible le modèle (utilisé pour le calcul des conditions initiales dans les simulations) de conduction de la chaleur uni-dimensionnel dans la roche ?
Un tel modèle suppose un karst homogène en composition, sans failles, sans inflitrations d'eau, et ne pourrait donner des courbes isothermes dans le karst (telles que celles indiquées dans les figures 13, 14 et 18 de la publication ci-dessus référencée) que si le sol au-dessus de la grotte était plan et horizontal
et l'ensoleillement uniforme.

- Quelle est la barre d'erreur dans l'estimation des températures calculées par le simulateur Lascaux ?
Ni lors du symposium, ni dans ses minutes, ni dans la publication ci-dessus mentionnée n'a été indiquée la précision des estimations de température fournies par le simulateur. Il est pourtant important de la connaître pour évaluer la pertinence de ces estimations, sachant que les différences de température estimées entre les points "haut" et "bas" de la grotte ne sont que de 0,2 à 0,3 °C pour les périodes antérieure et postérieure à l'"inversion".

- La performance du simulateur a-t-elle été testée en comparant, pour une date donnée postérieure à sa mise au point (sans nouvel ajustement des paramètres), les relevés effectifs de température en divers points de la grotte aux estimations de température fournies par le simulateur pour ces points ?
Une telle validation semble indispensable avant de concevoir une stratégie de contrôle climatique fondée sur les simulations.

    3- Méthodologie:

- Par quelles méthodes d'observation l'évolution de la "pollution visuelle" (présence de champignons, taches noires, dépôts de calcite, vermiculation, condensation...) est elle contrôlée ?
Le contrôle visuel régulier par une/des personnes inspectant très régulièrement les parois de la grotte peut permettre la détection très précoce de troubles, et donc la mise en place très rapide de mesures préventives. Un dispositif entièrement automatisé peut-il, ou doit-il, se substituer entièrement au contrôle visuel humain ?

- Les bases de données constituées depuis des années (relevés de température, de pression, d'humidité, contrôles biologiques, photographies, ...) seront-elles facilement accessibles aux experts intéressés par la grotte ?
Il serait en effet extrêmement utile aussi bien
aux experts du Conseil Scientifique de Lascaux, qu'à ceux du LIST, qu'aux chercheurs de tous horizons intéressés par l'évolution de la grotte, de pouvoir disposer d'un accès simple et rapide à l'ensemble de ces données. La modélisation 3D de la grotte en cours, semble vouloir répondre à cette demande.  Sera-t-elle accessible à l'ensemble des personnes intéressées, et dans quel délai ?

Par ces questions posées à l'Administration de tutelle, au Conseil Scientfique de Lascaux, à ses propres experts, et aux scientifiques concernés par l'avenir de la grotte, le LIST espère contribuer à une meilleure connaissance de la grotte et à la recherche des meilleures solutions pour sa conservation.












 
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