HISTORIQUE DE LA CONSERVATION
DE LA GROTTE DE LASCAUX |
| La
découverte fortuite de la grotte de Lascaux, les
premières études archéologiques qui y ont
été menées, les richesses artistiques
exceptionnelles qu'elle contient ont été très
largement décrites et font l'objet de très nombreuses
publications. Notre objet n'est pas d'en donner ici une nouvelle
description. Notre intention est de nous concentrer sur l'historique des problèmes liés à la conservation de Lascaux et de tenter de donner une vision scientifique aussi complète et impartiale que possible de ces problèmes. En effet, les divers documents relatifs aux crises successives qu'a connues la grotte depuis le début de son exploitation touristique présentent des optiques partielles qui, par certains aspects, manquent parfois du recul nécessaire à une évaluation complète et impartiale de la situation. Ceci se traduit par des informations parfois contradictoires sur l'historique de la conservation. Ce qui n'est pas forcément étonnant car selon l'optique de l'auteur du document, selon sa manière personnelle d'aborder la question, selon sa formation, selon les circonstances et les conditions dans lesquelles il a connu la grotte, les observations et les faits qui lui semblent importants et qu'il va consigner dans son rapport, ne sont pas les mêmes. Afin de fournir une information aussi complète que possible, il nous a semblé utile de donner accès à plusieurs documents présentant des points de vue différents sur l'histoire des crises climatiques et microbiologiques qu'a traversé la grotte de Lascaux depuis sa découverte et son ouverture au public. Le lecteur pourra ainsi consulter, en premier lieu, la version officielle du Ministère de la Culture, autorité administrative responsable de la conservation, telle qu'elle a été présentée par Jean-Michel GENESTE - Conservateur général du patrimoine, Directeur du Centre National de Préhistoire, Directeur scientifique des recherches archéologiques de la grotte de Lascaux - à l'occasion du Symposium sur la "Conservation en milieu souterrain" (Février 2009 - Paris). M. Geneste a été conservateur de la grotte de Lascaux entre 1992 et 2008, période pendant laquelle s'est développée la crise microbiologique des années 2000. Le lecteur pourra aussi consulter deux documents présentant l'histoire de Lascaux du point de vue extérieur de personnalités qui n'ont jamais été mêlées à la gestion de la grotte: - le site internet de l'ICPL(International Committee for the Preservation of Lascaux), comité organisé et présidé par Mme Laurence BEASLEY qui a largement contribué à porter à la connaissance du public l'importance de la crise microbiologique des années 2000. - un article en anglais de M. Paul BAHN dans la revue Current Archeology (2010) vol 40, pp 28-36. Une version de cet article en espagnol est également accessible. Paul Bahn est Docteur de l'Université de Cambridge, archéologiste et écrivain britannique de grande notoriété. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'art préhistorique et a dirigé l'équipe qui, en 2003-2004 a découvert la première grotte ornée de l'âge glaciaire en Grande-Bretagne. Enfin, le lecteur pourra consulter plusieurs documents émanant de personnalités directement impliquées, à un moment ou à un autre, dans la conservation de la grotte et qui présentent chacune leur version de l'histoire récente de Lascaux: - la version de M. Paul-Marie GUYON, Directeur de Recherches Honoraire au CNRS, responsable de l'étude climatologique et de la conception du système d'assistance climatique qui ont permis de maintenir les équilibres climatique et microbiologique de la grotte entre les années 1965 et 2000 tout en maintenant un accès (limité en nombre il est vrai) au public. - la version de M. Claude BASSIER, qui a mené une carrière d'ingénieur spécialisé dans la conservation du patrimoine. Il est fondateur de SOCRA, entreprise dédiée à la conservation et la restauration des monuments et des vestiges archéologiques. En 1963, il est chargé entre autres par M. Max Sarradet - conservateur régional des monuments historiques, conservateur de la grotte de Lascaux - d'une mission générale de topographie du site et de plans et coupes de la grotte qui avaient pour objet la réalisation de systèmes de localisation orthonormés des parois et leur représentation en 2D et 3D. Il a toujours suivi de près l'histoire de la grotte et a rédigé une note donnant un point de vue sur les origines des crises et suggérant quelques remarques sur la stratégie qu'il recommande pour y faire face. - la version de M. Pierre VIDAL, Ingénieur de Recherches honoraire au CNRS, qui a étudié et surveillé la grotte de Lascaux entre 1958 et 1996. Il est à l'heure actuelle la seule personne à avoir vécu de près l'ensemble des crises de conservation de la grotte. Dans un article publié en 2008 (hors série n° 4 de Spéléo Dordogne) il présente son point de vue sur les aspects techniques, scientifiques et administratifs de la conservation de la grotte depuis sa découverte. Enfin, il nous semble utile de signaler la publication récente d'une brève analyse de la gestion de la crise de Lascaux publiée en septembre 2010 par Declan Butler dans la revue Nature (2010, vol. 467, pp 375-376) La confrontation de ces différentes versions de l'histoire de Lascaux permet de faire émerger des constantes, mais aussi d'importantes divergences, dans l'analyse de ce qu'ont pu être les causes, à ce jour non encore clairement identifiées, de la crise des années 2000. Elle permet aussi d'imaginer comment des préjugés et des conclusions hâtives ont pu brouiller les pistes et orienter la recherche de remèdes vers des voies parfois non productives. Notre but est de mettre en oeuvre une démarche scientifique rigoureuse visant à clarifier les évènements qui ont conduit à la prolifération des champignons blancs et noirs au cours de la dernière décennie, à en identifier les causes et à suggérer les mesures curatives et préventives les mieux adaptées à la conservation de la grotte dans son ensemble. Un premier pas dans ce sens a été réalisé par la publication du rapport du LIST rédigé après le symposium de février 2009, dans lequel nous nous sommes efforcés de tenir compte de l'ensemble des indications alors disponibles et de faire abstraction de tout "effet de filtre" susceptible de déformer ou d'orienter l'information. |
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